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Candidose mammaire : ce que toute maman allaitante devrait savoir
Allaiter son bébé est une expérience aussi merveilleuse qu'éprouvante. Entre les tétées à répétition, la fatigue, et les maux du quotidien, on s’attend rarement à devoir faire face à une affection aussi douloureuse que la candidose mammaire. Et pourtant, cela m’est arrivé.
Dans cet article, je vous explique ce qu’est cette infection, quels en sont les symptômes, comment la soigner rapidement… et je vous partage aussi mon propre parcours, dans l’espoir d’aider d’autres mamans à repérer si elles en souffrent et à se soigner correctement.
Qu’est-ce que la candidose mammaire ?
La candidose mammaire est une infection fongique causée par un champignon, Candida albicans. Ce micro-organisme vit naturellement dans notre corps, sans causer de souci… jusqu’au moment où il prolifère de manière excessive. Chez les mamans allaitantes, il peut infecter les mamelons et les canaux galactophores (les conduits qui transportent le lait), provoquant alors des douleurs particulièrement intenses.
Symptômes à reconnaître
Voici les signes qui doivent vous alerter :
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Douleurs aux mamelons ou dans la poitrine, pendant ou entre les tétées (sensation de brûlure, de piqûres, ou comme des coups d’aiguille).
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Mamelons rouges, brillants, sensibles, parfois avec des crevasses qui ne guérissent pas.
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Démangeaisons, rougeurs, petits boutons autour de l’aréole.
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Douleurs profondes dans le sein, irradiant parfois vers l’aisselle ou le dos.
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Hypersensibilité au contact (serviette, soutien-gorge).
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Bébé qui présente du muguet (taches blanches dans la bouche), des rougeurs aux fesses, ou qui devient agité au sein.
Mon histoire de maman : entre douleur, doutes et guérison
J’ai deux enfants. Mon premier, que j’ai allaité pendant 16 mois, et mon deuxième, âgé de 4 mois et encore allaité. Dans les deux cas, le début de l’allaitement n’a pas été simple.
Des débuts semés d'embûches
Pour mon aîné, je découvrais tout. Avec mes mamelons presque plats et son frein de langue, la mise en route a été compliquée. Heureusement, à la maternité, le frein a été coupé rapidement et j’ai utilisé des bouts de sein pour l’aider à prendre le sein, tout en tirant mon lait pour stimuler la lactation. Après un mois, j’ai pu allaiter sans aide. C’était une vraie victoire.
L’arrivée de mon second... et l’illusion que "tout allait bien"
Mon second est né naturellement, sans péridurale. Il a tout de suite pris le sein, et j’étais tellement heureuse que je ne voulais pas croire que quelque chose pouvait clocher. Lors de la montée de lait, il ne parvenait plus à s’accrocher. Finalement, une consultante en lactation m’a aidée à le remettre au sein avec les bouts de sein. J'avais quelques douleurs, mais je me disais : "C’est normal, ça va passer."
⚠ Spoiler : ce n’est pas normal d’avoir mal
L’allaitement ne doit jamais faire mal. S’il y a douleur ou crevasses, c’est qu’un problème persiste. Dans mon cas, je suis restée dans le déni. J’ai mis ça sur le dos de mes mamelons plats, sans remettre en question le frein de langue de mon bébé… et j’ai laissé traîner.
⚡️ La descente aux enfers : l’apparition de la candidose
Au bout de deux mois, malgré les crèmes à la lanoline et les cataplasmes de lait maternel, la situation empirait. Mes mamelons étaient rouges, irrités, démangeaient, et surtout : je ne supportais plus aucun contact, même celui de certains de mes vêtements ou d'une serviette de bain à la sortie de la douche.
Les tétées sont devenues un supplice. Un jour, j’ai craqué :
"J’avais la sensation qu’un piranha me mâchouillait le sein. Je pleurais à chaque tétée."
Une puéricultrice m’a parlé de candidose et m’a conseillé de consulter d’urgence. Et pourtant, j’ai encore attendu. Jusqu’à la tétée de trop.
Le traitement : ce qui a vraiment fonctionné pour moi
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Traitement antifongique oral :
Le fluconazole, prescrit par ma pédiatre, a soulagé mes douleurs dès le premier jour. Par contre, ce qu'il faut savoir c'est que sur une candidose avancé il faut faire le traitement sur 21 jours pour tuer le candida et éviter une récidive. -
Crème antifongique locale :
L’éconazole, puis la fameuse "crème de Newman", un mélange d’antifongique, antibiotique, anti-inflammatoire et cicatrisant. -
Consultante en lactation :
Elle a été un soutien essentiel. Grâce à elle, j’ai adapté la position d’allaitement (allaitement allongé + BN), vérifié la taille des téterelles pour tirer mon lait afin d'éviter d'avoir de nouveau des crevasses (c'est la porte ouvert à la candidose) et surtout : je me suis sentie écoutée et soutenue. Elle a également suspecté un frein de langue sur mon bébé. Ce qui pouvait expliquer les crevasses depuis le début et m'a orienté vers une orthophoniste qui nous a tout de suite pris en charge pour rectifier le tir (voir article frein de langue). -
Tirage du lait :
Tirer mon lait 2 fois par jour m’a permis de reposer mes seins tout en maintenant la lactation. -
Traitement bébé :
Appliquer du bicarbonate mélangé à de l'eau à l'aide d'une compresse dans la bouche pour éviter l’effet ping-pong. Mais vous pouvez aussi en mettre sur vos seins si ce n'est pas douloureux après et avant chaque tétée. Le bicarbonate est légèrement alcalin, il a un ph neutre, donc il va neutraliser l'acidité. Le candida se développe dans des milieu acide donc c'est un bon complément de traitement en plus du reste.
Hygiène et prévention
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Lavage des mains avant/après tétée.
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Bouillir les tétines, bouts de sein et tire-lait chaque jour.
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Laver les vêtements à 60°C minimum.
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Changer les coussinets d’allaitement régulièrement.
- Si vous avez des crevasses il faut tout de suite consulter pour résoudre le problème. Et au cas où vous vous fassiez des cataplasmes de lait maternel froid avec compresse (ce qui peut vraiment vous soulager), ne pas les garder plus de 30 minutes car le candida adore l'humidité.
Renforcer son corps
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Réduire les sucres : le Candida s’en nourrit !
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Prendre des probiotiques, de la vitamine C.
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Bien s’hydrater, bien manger.
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Se reposer dès que possible (oui, même 15 min comptent !).
Ce que je retiens (et que je veux transmettre à toute maman)
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L’allaitement ne doit pas faire mal.
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Ne pas attendre. Consulter dès les premiers signes de douleur.
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Faire appel aux bonnes personnes : consultante en lactation, sage-femme, ORL, pédiatre.
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Ne pas culpabiliser. L’allaitement est un apprentissage. Même avec de l’expérience, on peut tomber dans certains pièges.
En conclusion
N’arrêtez pas l’allaitement sauf si la douleur est insupportable : la candidose est traitable et il serait dommage de devoir arrêter prématurément. Au pire, vous pouvez comme moi tirer votre lait pour vous soulager le temps que ça aille mieux.
Consultez une consultante en lactation ou un professionnel de santé formé à l’allaitement : un bon soutien fait toute la différence. Faites-vous accompagner émotionnellement. Cette période peut être difficile et il est essentiel de ne pas rester seule avec votre douleur.
Quand le traitement est fini prenez soin de vous pour prévenir d'une récidive : se reposer, manger sainement, se maser les seins avec de l'huile de pépin de pamplemousse (antifongique naturel) sont autant de choses qui vont vous faire du bien.
La candidose mammaire est douleur et frustration, mais elle est surtout soignable. Grâce à une prise en charge adaptée et à un bon accompagnement, j’ai pu retrouver un allaitement paisible. Aujourd’hui, j’allaite toujours mon bébé, et il va très bien. Son frein de langue sera bientôt sectionné, ce qui devrait encore améliorer les tétées.
Alors si vous traversez cette épreuve : vous n’êtes pas seule. Faites-vous confiance, écoutez votre corps, et surtout, demandez de l’aide. Plus vous agirez tôt, plus vous vous en sortirez rapidement.
Ressources utiles
https://milkshaker.fr/podcast/episode-63-benedicte-ma-candidose-sa-vie-son-oeuvre/
Et vous ? Avez-vous vécu une candidose mammaire ? Partagez votre expérience en commentaire, pour que l’on puisse s’entraider entre mamans. Ensemble, on est plus fortes !